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NOTES DE VOYAGES.

voir M. Rousseau en souliers à boucles et en habit à la française. On tient donc beaucoup à l’habit des gens qu’on admire !

Bibliothèque publique. — Écriture de Calvin, illisible comme celle du xvie siècle, longue et mêlée ; de Jean-Jacques, sobre, courte, très claire, très bien alignée et comme gravée sur le papier. Manuscrits plus ou moins jolis, mais c’était l’écriture du maître qui m’attirait. — Portraits des Genevois célèbres. — Stalles en bois. — Quelque chose de chaud et d’usuel bien différent de l’immobilité sépulcrale, collégiale, de la bibliothèque Ambrosienne, qui est du reste bien plus belle et qui semble bien mieux tenue.

Musée. — Marie-Thérèse (pastel), femme, vers 45 à 48 ans, fraîche, viande un peu molle, rose encore, pendante, œil humide et bon ; expression trop complexe pour être décrite ; admirable chose comme intensité. — Mme de l’Épinay (id.), figure maigre, noire, œil noir, mâchoire allongée, ce qui s’appelle une femme laide, mais une femme que l’on remarque et que l’on doit aimer beaucoup si on l’aime (elle devait puer ou sentir très bon), quelque chose de Dejazet, mais le crâne plus large, mais plus grave et plus occupée. — Un paysage de Calame, coup de vent, ours à gauche du tableau. — Un portrait d’homme noir, crâne dégarni, un peu appuyé sur le côté droit, par Van der Heltz, ressemble aux Van Dyck et n’est guère moins beau. — David portant la tête de Goliath (Dominiquin ?), tableau à ombres et à lumières contrastées. — Prudhon (?) sur la droite : femme debout, de profil, chaussée en sandales avec des cordons bleus, dont un lui passe entre