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sieurs fois pour me voir. On n’entendait que le bruit de leurs bottines jaunes traînant sur les dalles, elles allaient lentement.

Nous redescendons dans la ville : il y a parfois des passages voûtés ogivaux, communiquant d’une rue à l’autre, sous lesquels les matelots mettent à sec leurs antennes et leurs avirons. Les bazars sont clairs et n’ont plus le caractère oriental, ça sent l’épicier grec. — Grands cafés animés, vitrés ; souvent est accrochée à la muraille une peinture qui représente une sorte de lion à tête de femme (Alborak ?). — Il y a dans cette rue des cyprès, des mûriers, la rue est large. — Pris un bain dans un bain turc, à droite en montant la rue.

Méhémet-Regib-Pacha. — Visite au pacha, gros et bon homme empâté. — Quelques Turcs sur son divan : un Porné ! Il pioche le français, Pruss lui doit lire Gil Blas, il se fait lire la Révolution, de Thiers. Il nous demande si nous ne pourrions pas lui faire avoir le traité universel et tous les traités de la France avec la Porte. — Pipes à bouquin, endiamantées, café dans des godets d’émail et de diamant.

Tour Saint-Nicolas, haute et carrée ; aux quatre angles, échauguettes. La plate-forme est surmontée d’une tourelle à laquelle on parvient par un escalier en bois. — Les remparts sont chargés de canons, dont on a couvert les lumières avec des pectorals de cuirasses. — Fiente de pigeons dans l’intérieur de la tour. — Dans l’intérieur une chambre à voûte ogivale. — Ciel gris, pas de soleil, temps triste.

La tour Saint-Nicolas est au nord de la ville et de l’île.