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teaux amarrés, trois en construction ; bruit des marteaux. — Konac du pacha à droite : grand bâtiment carré et bas ; devant restent des ifs et des croissants en bois, qui soutenaient les illuminations lors de la visite récente du sultan à Rhodes. — Nous longeons le port ; cabarets grecs et boutiques séparées de l’eau par une rangée de grands et beaux arbres (tilleuls ? platanes ?). Nous rentrons dans la ville sur la droite, par une porte ouverte dans la muraille, mais plus moderne que la muraille, et faite après elle.

Rue des Chevaliers : va en montant, assez large, vide, grandes marches d’une vingtaine de pieds de large, les moucharabiehs sortent des maisons de pierre. Les plus belles maisons sont sur la droite en montant : écussons nombreux, fenêtres carrées, séparées en quatre par des croisillons de pierre, porte ogivale. — Silence. — De temps à autre un enfant turc qui joue. — Le ton général de la rue est gris, c’est plus triste que beau. En haut de la rue est une grande porte ou grande arcade, qui va d’un côté de la rue à l’autre. Lorsqu’on est en dedans de cette porte, elle est irrégulièrement double, les deux ogives ne se répondent pas ; ainsi, du côté droit, les deux linteaux sont l’un contre l’autre, tandis que, du côté gauche, il y a un intervalle entre eux.

Là, on se trouve sur une petite place ombragée d’un grand platane. À gauche, est l’église Saint-Jean ; en retour, à droite, la maison du Grand Maître ; en face, une maison à jolies croisées encadrées de chardons. Délicieuse cour, herbue, silencieuse.

Église Saint-Jean : fenêtres ogivales, le vaisseau