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Deux femmes de Bédouins, que nous rencontrons parmi les arbres, elles ont l’air d’avoir peur de nous ; le vieux négociant leur demande de quelle tribu elles sont : elles sont du côté gauche. C’est de droite, des monticules, vers le pays de Hauran, que le danger est à craindre ; tous nos gardes passent de ce côté et marchent en rang sur la même ligne ; chacun a son fusil sur la cuisse ; j’ai mis des balles dans ma poche pour les atteindre plus vite en cas de guerre.

Nous marchons pendant sept heures jusqu’à 10 heures du matin, dans cette immense plaine, ayant à notre gauche des montagnes qui ont de la neige à leurs sommets ; à droite, le mouvement du terrain, qui remonte, nous cache les horizons qui s’étendent vers le pays de Hauran.

Deux heures avant d’arriver à Sasa, on trouve les restes d’un ancien chemin. — Ici, il y a un encombrement de pierres à se rompre le cou, l’ancienne voie paraît et disparaît, de grands blocs de rochers plats, naturellement arrangés, la continuent, les pierres redoublent.

Sasa est au fond de l’horizon, dans la verdure ; nous y arrivons vers 10 heures, après être entré dans une rage superbe contre Joseph, à cause de la façon inepte dont il mène son cheval. Nous campons en dehors du pays, sous un arbre, entourés d’eau ; une petite caravane halte à côté de nous, on débite les morceaux d’un chameau.

À 4 heures du soir, nous nous réveillons, je me décrasse dans le ruisseau qui coule derrière moi, auprès duquel est couché le vieux. Bientôt la nuit vient, nos gardes font leur prière, nous dînons et nous nous couchons sur nos lits. Je