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effet très beau. — On descend beaucoup de marches. — Obscurité, quelques lampes çà et là, peu sont allumées, on empoisonne l’encens. — La chapelle est en retour à droite, mais je suis saturé de saintetés. — Nous retrouvons notre petite mendiante blonde, que nous avons déjà vue sur la place du Saint-Sépulcre. — Une espèce de sheik nous fait descendre dans une grotte où, selon lui et les autres, Jésus a sué la sueur de sang. Quelle rage de tout préciser ! ils voudraient tenir Dieu dans leurs mains !

Nous avons fumé un chicheh et pris une tasse de café sous un arbre, entre le tombeau de la Vierge et le jardin des Oliviers. Non loin de nous, dans un enclos, deux capucins se livraient au même passe-temps (de plus, de l’eau-de-vie), en compagnie de deux très belles personnes dont on voyait à nu les seins blancs. Comme ça amuserait M. de Béranger, et quelles railleries il décocherait là-dessus ! Décocherait-il « les traits de la satire » ! Joseph a acheté là des espèces de gâteaux secs, minces feuilles de pâtisserie, blondes, faites avec de l’huile de sésame.

En descendant la vallée de Josaphat, à gauche, trois tombeaux : premier, d’Absalon, espèce de temple carré surmonté d’une rotonde terminée par une manière de cône rentré. Sur chaque coin, un pilier carré dans lequel est engagée une colonne ; sur chaque face, deux colonnes à chapiteau ionien, frise plate avec de petits carrés d’un goût lourd ; ensemble fort mauvais. Le second tombeau (de Mathias), pris à même le roc et entouré par lui, de même style, sauf les chapiteaux des colonnes. Au-dessous, dans le roc, deux fenêtres