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ça semble vouloir le nier et il vous persécute dans les horizons. Au jardin d’Abbas-Pacha, colonnes au pavillon ; premier plan : verdure, le désert au bout. C’est bien là le jardin d’où, dans son pavillon, la sultane voit venir au loin un dromadaire qui galope à toutes jambes, elle jette un regard triste sur l’horizon sans bornes…

Nous revenons, notre saïs court devant la calèche et fait claquer son fouet.

Narguilehs fumés dans un café grec. — Estrade en planche sur la mer.

D’Alexandrie à Beyrout. — Le lendemain, embarqués sur l’Alexandra, à 1 heure. On ne part que le lendemain mercredi, à cause du tourillon. C’est pendant que je dormais que le bateau est parti, je n’ai pas vu s’en aller à l’horizon la terre d’Égypte, je ne lui ai pas fait mes derniers adieux… Y retournerai-je ?…

Capitaine peu aimable, grand nez comme de Maurepas. — Polichinelle de docteur. — M. Hébert, père Parain maritime, ancien négrier, de Nantes. — M. Delabouq-Perehne. — Pas de mal de mer.

À bord, petite négresse qui appartient à des marchands chrétiens de Syrie ; elle pleurait en abondance et est restée presque tout le temps couchée sur le flanc, au soleil, à côté de la cheminée. (Dans les rues d’Alexandrie, flâne un gredin de nègre vêtu à l’européenne, garni d’un chapeau et d’une canne.) Deux moines, l’un hollandais, qui va en Perse, l’autre a l’air italien et va je ne sais où.

Le soir du jeudi on aperçoit la terre de Syrie : brume sur les côtes, tout est trempé d’humidité,