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de déblaiement pour pouvoir dégager le menton d’un colosse extérieur.

Vendredi. — Travaux de déblaiement : « aouafi, aouafi ». — Taille cambrée d’un petit nègre frisé, laid (yeux abîmés de poussière), qui apportait sur sa tête un vase plein de lait.

Dans le petit temple, quantité d’alvéoles de guêpes, surtout aux angles.

Réflexion : les temples égyptiens m’embêtent profondément. Est-ce que ça va devenir comme les églises en Bretagne, comme les cascades dans les Pyrénées ? Ô la nécessité ! Faire ce qu’il faut faire ; être toujours, selon les circonstances (et quoique la répugnance du moment vous en détourne), comme un jeune homme, comme un voyageur, comme un artiste, comme un fils, comme un citoyen, etc. doit être !

Ibrim. — 31 mars, dimanche de Pâques, arrivé le soir devant le vieil Ibrim, sur la rive droite du Nil. Pendant que Max faisait, d’en bas, une épreuve de la forteresse, j’y suis monté lentement par le flanc de la montagne, me heurtant les ongles des orteils aux pierres sèches déboulinées d’en haut. La terre a l’air de cendre. Trois ou quatre Arabes ont passé à ma droite, montés sur des ânes. Je tourne tout autour de la citadelle pour trouver une issue afin d’y entrer ; à la fin j’en trouve une sur le plateau qui regarde l’Est.

L’intérieur est une ville entière comprise dans des murs, les maisons sont ruinées toutes et tassées les unes près des autres, ou plutôt même contiguës ; entre elles des rues serpentent ; au milieu, une grande place. Si vous montez sur un mur, toutes ces bases de maisons ruinées, dont il