Page:Flaubert - Notes de voyages, I.djvu/163

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ronde (comme une brûlure) d’un bubon pestilentiel. Nous nous sommes couchés, elle a voulu garder le bord du lit. Lampe : la mèche reposait dans un godet ovale à bec. — …

 

… , elle s’endort la main entre-croisée dans la mienne, elle ronfle ; la lampe, dont la lumière faible venait jusqu’à nous, faisait sur son beau front comme un triangle d’un métal pâle, le reste de la figure dans l’ombre. Son petit chien dormait sur ma veste de soie sur le divan. Comme elle se plaignait de tousser, j’avais mis ma pelisse sur sa couverture. J’entendais Joseph et les gardes qui causaient à voix basse ; je me suis livré là à des intensités nerveuses pleines de réminiscences. — …

 
 

— Une autre fois je me suis assoupi le doigt passé dans son collier, comme pour la retenir si elle s’éveillait. J’ai pensé à Judith et à Holopherne couchés ensemble. À deux heures trois quarts, réveil plein de tendresse…

 
 
 

Je fume un chicheh, elle va causer avec Joseph, rapporte un pot de charbons allumés, se chauffe, se recouche. « Basta. »

Quelle douceur ce serait pour l’orgueil si, en partant, on était sûr de laisser un souvenir, et qu’elle pensera à vous plus qu’aux autres, que vous resterez en son cœur !

Le matin nous nous sommes dit adieu fort tranquillement.

Nos deux matelots viennent pour porter nos