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Max dire : « la illah Allah Mohammed rassoun Allah ».

Seconde visite plus détaillée au temple, nous attendons l’effendi pour lui remettre une lettre. — Dîner.

Nous revenons chez Ruchiouk. La chambre était illuminée par trois mèches dans des verres pleins d’huile, mis dans des girandoles de fer-blanc accrochées au mur. Les musiciens sont à leur poste. — Petits verres pris très précipitamment, le cadeau de liquides et nos sabres font leur effet.

Entrée de Saphiah-Zougairah, petite femme à nez gros, yeux noirs, enfoncés, vifs, féroces et sensuels ; son collier de piastres sonne comme une charrette ; elle entre et nous baise la main.

Les quatre femmes assises alignées sur le divan et chantant. Les lampes font des losanges tremblotants sur les murs, la lumière est jaune. Bambeh avait une robe rose à grandes manches (toutes sont en étoffes claires) et les cheveux couverts d’un fichu noir à la fellah. Tout cela chantait, les tarabouks sonnaient, et les rebecs monotones faisaient une basse, criarde, piano : c’était comme un chant de deuil gai…[1]

 
 
 
 
 

Ruchiouk nous danse l’abeille. Préalablement, pour qu’on puisse fermer la porte, on renvoie Fergalli et un autre matelot, jusqu’alors témoins des danses, et qui, au fond du tableau, en constituaient

  1. Nouveau passage censuré :
    « Je descends avec Sophia Zougairah — très corrompue, remuant, jouissant, petite tigresse. Je macule le divan.
    Second coup avec Kouchiouk. Je sentais à [sic] l’embrassant à l’épaule son collier rond sous mes dents. Son con me polluant comme avec des bourrelets de velours — je me suis senti féroce. » (Note de l’éditeur Wikisource — même source que la note précédente ; on y trouvera aussi les autres passages censurés qui suivent)