Page:Flaubert - Notes de voyages, I.djvu/156

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de lignes pareilles à celles qui se trouvent dans un aérolithe, quand on le coupe par le milieu.

Lundi 4 mars, 2 heures. — Nous allons bientôt passer devant Thèbes. À droite, devant nous, derrière la montagne, se trouve la vallée des Rois ; à gauche, devant moi, il y a une petite barque où sont des hommes qui pêchent. Elle touche une grande grève de sable, au bout de laquelle est une ligne verte de palmiers. Le vent vient de reprendre, nous allons plus vite.

Passé devant Louqsor. — Je nettoyais ma lorgnette quand nous avons aperçu Louqsor, à notre gauche ; je suis monté sur la chambre. — Les sept colonnes, l’obélisque, la maison française. — Des Arabes assis au bord de l’eau près d’une cange anglaise. — Le gardien de la maison française nous crie qu’il a une lettre pour nous, c’est la carte du baron Anca. Nous haltons. Parmi les gens devant notre barque, un nègre, drapé comme une momie, tout en cartilage, desséché, avec un petit takieh sale sur le haut de la tête ; des femmes baignent leurs pieds dans l’eau, un âne est venu boire.

Coucher de soleil sur Medinet-Abou. — Les montagnes sont indigo foncé (côté de Medinet-Abou) ; du bleu par-dessus du gris noir, avec des oppositions longitudinales lie de vin, dans les fentes des vallons. Les palmiers sont noirs comme de l’encre, le ciel rouge, le Nil a l’air d’un lac d’acier en fusion.

Quand nous sommes arrivés devant Thèbes, nos matelots jouaient du tarabouk, le bierg soufflait dans sa flûte, Khalile dansait avec des crotales ; ils ont cessé pour aborder.