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Pas de montagnes à droite, sur la rive gauche, ligne unie de palmiers ; la berge est grise.

Santon de Sheik-Saïd. — On donne à manger aux oiseaux qui sont censés porter le pain au santon pour la consommation des pauvres et des voyageurs ; on émiette du pain sur le pont, ils y viennent et le mangent ; on le leur jette dans l’eau, ils fondent dessus, les ailes ouvertes, et repartent.

De temps à autre, dans la roche, il y a des trous : ce sont les demeures des anciens ermites.

Le Nil, souvent, a l’air d’un lac, on est emprisonné par des coudes, on ne sait pas de quel côté on va, et comment on pourra sortir. La chaîne arabique généralement est une haute falaise blanche.

Sur le bord de l’eau un buffle qui nous regarde.

Manfalout. — Bâtie sur la rive, les maisons sont de même couleur qu’elle. Le Nil emporte la ville par morceaux.

Lundi 24. — Depuis deux jours nous ne voyons plus de grues, mais des hérons. Tantôt le bateau s’est engravé, nous avons poussé tous. Pendant le dîner nous arrivons au rivage de Siout et nous nous y amarrons. Quand nous sortons sur le pont, il fait à gauche un large clair de lune sur les flots, c’est une plaque d’argent. — Préparatifs de lettres pour demain matin. — Aujourd’hui, salut d’un bateau dont nous ne pouvons reconnaître le pavillon. Quatre coups de feu.

Siout (Lycopolis) est à un grand quart de lieue du Nil. — Au bord des digues, gazis ; dans une prairie, ibis noir.

Nous entrons dans la ville par le divan, le conac est à droite. — Grande cour carrée, blanche, plantée d’arbres ; rues en pente bien balayées. —