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de la cange, avec un mouchoir noué sur son tarbouch.

Jeudi matin 7. — Quand je monte sur le pont, on est tout près de la rive. La couleur de la terre est exactement celle des Nubiennes que j’ai vues au bazar des esclaves.

On hale à la corde. Vers 10 heures, on s’arrête à une île du fleuve ; les Pyramides de Sakkara sont derrière nous, à droite. Nous descendons avec nos fusils dans l’île, nous rencontrons deux hommes couchés dans les roseaux, des canards et des oiseaux blancs ; c’est le grotesque de l’équipage qui nous suit avec un grand et gros bâton. — Sable dont l’aspect général est celui des bords de l’Océan ; sur la grève, quelques places mouillées qui ressemblent à de la crème de chocolat grise.

Khamsin. On s’enferme, le sable croque sous les dents, les visages en deviennent méconnaissables ; il pénètre dans nos boîtes de fer-blanc et abîme nos provisions, il est impossible de faire la cuisine. Le ciel est complètement obscurci, le soleil n’est plus qu’une tache dans le ciel pâle. De grands tourbillons de sable se lèvent et fouettent les flancs de notre daabié, tout le monde est couché. Une cange d’Anglais descend le Nil avec furie et tournoie dans le vent. À la nuit tombante Max descend à terre avec Sassetti et Joseph, et tend quelques lignes de fond.

Vendredi. — Tiré à la corde le matin pendant quatre heures. Nous amarrons au village de Kafr’laïat, où nous sommes un peu protégés de la poussière par sa berge plus haute. Quelques bateaux sont amarrés au bord. Nous passons la journée de khamsin renfermés dans notre chambre.