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À 8 heures, couché dans la cange ; dévoré de puces pour l’inaugurer.

SUR LE NIL[1].

Nous restons la nuit amarrés devant le conac de Soliman-Pacha, Maxime attend des glaces par le courrier de demain.

Le matin, mercredi 6, nous entendons jouer au billard chez Soliman. — Nous faisons une petite course en sandal jusqu’à la pointe de l’île de Rhoda ; nos marins sont tout étonnés de voir un cawadja manier des avirons. À 2 heures, Joseph arrive… sans glaces ! Nous partons.

Bon vent arrière ; peu à peu, les barques, si nombreuses, s’éclaircissent. — Déjeuner. — La cange va, inclinée sur tribord ; le canot de la douane nous accoste : trois piastres et nous passons.

Il fait beau, nos marins sont joyeux, nos matelots font de la musique ; Joseph, à son fourneau, et l’écumoir à la main, exécute deux ou trois pas ; Chimy, le grotesque de la troupe, danse avec un bardach sur la tête. Le vent faiblit à l’entrée de la nuit. — Coucher de soleil. Les Pyramides de Sakkara se détachent en gris dans la couleur d’or, qui s’étend depuis la ligne de la terre jusqu’au milieu du ciel ; à gauche, c’est d’abord rose, jaune, vert, enfin bleu ; au milieu est le Nil jaune, et au milieu du fleuve la cange, et Joseph au milieu

  1. Voir Correspondance, I, p. 376.