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ferai que quatre ; je tiens à restreindre mon cadre. J’ai dit que la première serait sur les amours de Rodolphe, la seconde sur la transition religieuse, la troisième sur les amours de Léon, la quatrième sur la mort.

Voyons la première. Mme Bovary est près de la chute, près de succomber.

« La médiocrité domestique la poussait à des fantaisies luxueuses, les tendresses matrimoniales en des désirs adultères, » … « elle se maudit de n’avoir pas aimé Léon, elle eut soif de ses lèvres. »

Qu’est-ce qui a séduit Rodolphe et l’a préparé ? Le gonflement de l’étoffe de la robe de Mme Bovary qui s’est crevée de place en place selon les inflexions du corsage ! Rodolphe a amené son domestique chez Bovary pour le faire soigner. Le domestique va se trouver mal, Mme Bovary tient la cuvette.

« Pour la mettre sous la table, dans le mouvement qu’elle fit en s’inclinant, sa robe s’évasa autour d’elle sur les carreaux de la salle ; et comme Emma, baissée, chancelait un peu en écartant les bras, le gonflement de l’étoffe se crevait de place en place selon les inflexions du corsage. » Aussi voici la réflexion de Rodolphe :

« Il revoyait Emma dans la salle, habillée comme il l’avait vue, et il la déshabillait. »

Page 417[1]. C’est le premier jour où ils se parlent. « Ils se regardaient, un désir suprême faisait frissonner leurs lèvres sèches, et mollement, sans effort, leurs doigts se confondirent. »

Ce sont là les préliminaires de la chute. Il faut lire la chute elle-même.

« Quand le costume fut prêt, Charles écrivit à M. Boulanger que sa femme était à sa disposition et qu’il comptait sur sa complaisance.

« Le lendemain à midi, Rodolphe arriva devant la porte de Charles avec deux chevaux de maître ; l’un portait des pompons roses aux oreilles et une selle de femme en peau de daim.

« Il avait mis de longues bottes molles, se disant que sans doute elle n’en avait jamais vu de pareilles ; en effet, Emma fut charmée de sa tournure, lorsqu’il apparut avec son grand habit de velours marron et sa culotte de tricot blanc…

 

« Dès qu’il sentit la terre, le cheval d’Emma prit le galop, Rodolphe galopait à côté d’elle. »

Les voilà dans la forêt.

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