jours de marché surtout, lorsque les paysans autour de lui poussaient les billes du billard, s’escrimaient avec les queues, fumaient, buvaient, chantaient, braillaient.
— Comment vas-tu ? disaient-ils en lui frappant sur l’épaule. Ah ! tu n’es pas fier, à ce qu’il paraît ! mais c’est ta faute. Il faudrait faire ceci, faire cela.
Et on lui racontait des histoires de gens qui avaient tous été guéris par d’autres remèdes que les siens ; puis, en manière de consolation, ils ajoutaient :
— C’est que tu t’écoutes trop ! lève-toi donc ! tu te dorlotes comme un roi ! Ah ! n’importe, vieux farceur ! tu ne sens pas bon !
La gangrène, en effet, montait de plus en plus. Bovary en était malade lui-même. Il venait à chaque heure, à tout moment. Hippolyte le regardait avec des yeux pleins d’épouvante et balbutiait en sanglotant :
— Quand est-ce que je serai guéri ?… Ah ! sauvez-moi !… Que je suis malheureux ! que je suis malheureux !
Et le médecin s’en allait, toujours en lui recommandant la diète.
— Ne l’écoute point, mon garçon, reprenait la mère Lefrançois ; ils t’ont déjà bien assez martyrisé ! tu vas t’affaiblir encore. Tiens, avale !
Et elle lui présentait quelque bon bouillon, quelque tranche de gigot, quelque morceau de lard, et parfois des petits verres d’eau-de-vie, qu’il n’avait pas le courage de porter à ses lèvres.
L’abbé Bournisien, apprenant qu’il empirait, fit demander à le voir. Il commença par le plaindre