la vanité de nos œuvres, la turpitude de nos corps, et il levait le poing du côté des dromadaires, à cause des clochettes d’argent qu’ils portaient sous la mâchoire. Sa fureur me versait l’épouvante dans les entrailles : c’était je ne sais quel voluptueux langage mêlé de brise et de parfums, qui me berçait, m’enivrait.
D’abord les esclaves s’approchèrent : — « Maître, dirent-ils, nos bêtes sont fatiguées » ; puis ce furent les femmes : « Voici la nuit, nous avons peur » ; et les esclaves s’en allèrent. — Les enfants se mirent à crier : « Nous avons faim » ; et comme on n’avait pas répondu aux femmes, elles disparurent. Lui, il parlait : sa voix sifflait, ses paroles tombaient, précipitées, coupantes, comme des poignards qui faisaient saigner mon cœur et le dégorgeaient.
Je sentis quelqu’un près de moi : c’était l’époux. J’écoutais l’autre. Il sanglotait, il se traînait à genoux sur les pierres en s’écriant : « Tu m’abandonnes ! » Et je répondis : « Oui, va-t’en ! ».
PRISCILLA et MAXIMILLA se mettent à chanter :
Le Père domine ! le Fils pâtit ! l’Esprit flamboie ! Le Paraclet est à nous ! L’Esprit est à nous ! Car nous sommes les amantes du grand Montanus !
vêtu d’un manteau fauve à galon d’argent,
fermé sur sa poitrine par deux ossements de mort.