les regards lascifs, la sève sucrée, la larme salée !… Du sang ! à toi ! à toi ! Mère des montagnes !
dos résonnent comme des boîtes creuses. La musique redouble, la foule s’accroît. Puis des hommes en habits de femmes et des femmes en habits d’hommes se poursuivent, en poussant une grande clameur qui se perd à l’horizon, dans le frémissement des lyres et le bruit des baisers. Leurs robes diaphanes se collent contre leurs ventres. Un sang rose en dégoutte et bientôt, sur cette vague multitude, toute chatoyante, agitée, lointaine, apparaît un Dieu nouveau qui porte entre ses cuisses un amandier chargé de fruits. Les voiles des têtes s’envolent, l’encens tourbillonne, l’acier tinte. Des prêtres eunuques enveloppent des femmes dans leurs dalmatiques chamarrées.
Celui-là, c’est Atys de Phrygie. Il jette sa hache de pierre, il s’en va pleurer dans les bois sa virilité perdue. Voici la Dercéto de Babylone, à croupe de poisson. Voilà le vieil Oannès, voilà Ilythia couverte de ses voiles, voilà Moloch crachant du feu par les narines, et dont le ventre, bourré d’hommes, hurle comme une forêt incendiée.