Page:Flaubert - La Première Tentation de Saint Antoine, éd. Bertrand, 1908.djvu/198

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
152
LA TENTATION DE SAINT ANTOINE

dromadaire. On nous brûle, on nous noie, on nous écrase, et toujours nous reparaissons plus vivaces et plus nombreux, terribles par la quantité.

LES CYNOCÉPHALES, qui, couverts de poil, vivent dans les bois d’une façon désordonnée.

Nous grimpons aux arbres pour super les œufs, nous plumons les oisillons et nous posons leur nid sur notre tête en manière de bonnet. Malheur à la vierge qui va seule aux fontaines !

Hardi ! compagnons ! faisons claquer nos dents blanches, agitez les feuillages !

ANTOINE

Qui donc me souffle à la figure ce parfum de sève où mon cœur défaille ?

Et il aperçoit :
LE SADHUZAG, grand cerf noir à la tête de bœuf, qui porte, entre les oreilles, un buisson de cornes blanches.

Mes soixante-douze andouillers sont creux comme des flûtes. Je les courbe et je les redresse… tiens !

Il fait remuer son bois en avant et en arrière.

Quand je me tourne vers le vent du sud, il s’en échappe des sons qui attirent à moi les bêtes ravies. Les serpents s’enroulent à mes jambes, les guêpes