Page:Flaubert - Bouvard et Pécuchet, éd. Conard, 1910.djvu/230

Cette page a été validée par deux contributeurs.


VII


Des jours tristes commencèrent.

Ils n’étudiaient plus dans la peur de déceptions ; les habitants de Chavignolles s’écartaient d’eux, les journaux tolérés n’apprenaient rien, et leur solitude était profonde, leur désœuvrement complet.

Quelquefois ils ouvraient un livre, et le refermaient ; à quoi bon ? En d’autres jours, ils avaient l’idée de nettoyer le jardin, au bout d’un quart d’heure une fatigue les prenait ; ou de voir leur ferme, ils en revenaient écœurés ; ou de s’occuper de leur ménage, Germaine poussait des lamentations ; ils y renoncèrent.

Bouvard voulut dresser le catalogue du muséum, et déclara ces bibelots stupides.

Pécuchet emprunta la canardière de Langlois pour tirer des alouettes ; l’arme, éclatant du premier coup, faillit le tuer.

Donc ils vivaient dans cet ennui de la campagne, si lourd quand le ciel blanc écrase de sa monotonie un cœur sans espoir. On écoute le pas d’un homme en sabots qui longe le mur, ou les