Page:Flaubert - Bouvard et Pécuchet, éd. Conard, 1910.djvu/228

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Ils oubliaient de lui offrir un siège.

— Moi qui suis venue, croyant vous faire plaisir ! Ah ! vous n’êtes guère aimables aujourd’hui !

Et elle sortit, choquée de leur impolitesse.

La surprise les avait rendus muets. Puis ils allèrent dans le village épandre leur indignation.

Marescot, qui les reçut au milieu des contrats, pensait différemment. Le bavardage de la Chambre était fini, grâce au ciel. On aurait désormais une politique d’affaires.

Beljambe ignorait les événements, et s’en moquait d’ailleurs.

Sous les halles, ils arrêtèrent Vaucorbeil.

Le médecin était revenu de tout ça.

— Vous avez bien tort de vous tourmenter !

Foureau passa près d’eux, en disant d’un air narquois :

— Enfoncés les démocrates !

Et le capitaine, au bras de Girbal, cria de loin :

— Vive l’empereur !

Mais Petit devait les comprendre, et, Bouvard ayant frappé au carreau, le maître d’école quitta sa classe.

Il trouvait extrêmement drôle que Thiers fût en prison. Cela vengeait le peuple.

— Ah ! ah ! messieurs les députés, à votre tour !

La fusillade, sur les boulevards, eut l’approbation de Chavignolles. Pas de grâce aux vaincus, pas de pitié pour les victimes ! Dès qu’on se révolte, on est un scélérat.

— Remercions la Providence ! disait le curé, et après elle Louis Bonaparte. Il s’entoure des