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C’était comme une tortue avec des ailes qui aurait galopé parmi les roches ; une plus grosse le cacha.

Pécuchet y parvint hors d’haleine, ne vit personne, puis retourna en arrière pour gagner les champs par une « valleuse » que Bouvard avait prise, sans doute.

Ce raidillon étroit était taillé à grandes marches dans la falaise, de la largeur de deux hommes, et luisant comme de l’albâtre poli.

À cinquante pieds d’élévation, Pécuchet voulut descendre. La mer battant son plein, il se remit à grimper.

Au second tournant, quand il aperçut le vide, la peur le glaça. À mesure qu’il approchait du troisième, ses jambes devenaient molles. Les couches de l’air vibraient autour de lui, une crampe le pinçait à l’épigastre ; il s’assit par terre, les yeux fermés, n’ayant plus conscience que des battements de son cœur qui l’étouffaient ; puis il jeta son bâton de touriste, et avec les genoux et les mains reprit son ascension. Mais les trois marteaux tenus à la ceinture lui entraient dans le ventre ; les cailloux dont ses poches étaient bourrées tapaient ses flancs ; la visière de sa casquette l’aveuglait ; le vent redoublait de force. Enfin il atteignit le plateau et y trouva Bouvard, qui était monté plus loin, par une valleuse moins difficile.

Une charrette les recueillit. Ils oublièrent Étretat.

Le lendemain soir, au Havre, en attendant le paquebot, ils virent au bas d’un journal, un feuilleton intitulé : De l’enseignement de la géologie.

Cet article, plein de faits, exposait la question comme elle était comprise à l’époque.