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DE GUSTAVE FLAUBERT.

de notre ami. Avez-vous quelques vers ? Voulez-vous qu’ils ne soient pas perdus ?

Vous n’avez pas compris le sens de mon indignation ; je ne m’étonne pas de gens qui cherchent à expliquer l’incompréhensible, mais de ceux qui croient avoir trouvé l’explication, de ceux qui ont le bon Dieu (ou le non-Dieu) dans leur poche, Eh bien oui ! tout dogmatisme m’exaspère. Bref, le matérialisme et le spiritualisme me semblent deux impertinences.

Après avoir lu dernièrement pas mal de livres catholiques, j’ai pris la philosophie de Lefebvre (« le dernier mot de la science ») ; c’est à jeter dans les mêmes latrines. Voilà mon opinion. Tous ignorants, tous charlatans, tous idiots qui ne voient jamais qu’un côté d’un ensemble, et j’ai relu (pour la troisième fois de ma vie) tout Spinoza. Cet « athée » a été, selon moi, le plus religieux des hommes, puisqu’il n’admettait que Dieu. Mais faites comprendre ça à ces messieurs les ecclésiastiques et aux disciples de Cousin !

Ce que vous me dites de ma nièce est gentil. Elle est mon élève, c’est vrai, et j’en suis fier ; car une femme qui n’est ni une bourgeoise ni une cocotte, voilà une rareté.

J’en veux à Saint-René Taillandier pour ses inepties historiques à propos de Saint Antoine.

Je vous embrasse, sans la moindre cérémonie.