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DE GUSTAVE FLAUBERT.

les coquins heureux ! Villemessant, Girardin, Buloz, Marc-Fournier et deux ou trois autres, voilà les gens qui ont le plus avili de choses, le plus désespéré les artistes. Quant au Figaro, et à tout ce qui y tient de près ou de loin, je le hais, cordialement. Son inventeur est crevé : tant mieux ! Voilà le fond de mon opinion.

On m’a envoyé ce matin le premier numéro de La vie moderne, rédacteur en chef Bergerat. Cette feuille me paraît encore plus infecte que La Vie Parisienne du chemisier Marcellin, ce qui n’est pas peu dire. Par bêtise, j’avais autorisé ledit Bergerat à mettre mon nom sur la couverture. Je le regrette bien maintenant. Je n’ai pas de chance avec les gendres de mon pauvre Théo.

Au reste, je ne comprends plus rien à rien. Pourquoi ce nouvel attentat contre l’Empereur de Russie ? Dans quel but ? C’est idiot et horrible.

Pourquoi l’élection Blanqui ? Pourquoi le retour des Chambres à Paris ? mesures dont peuvent se réjouir les ennemis de la République. Le monde devient fou, décidément.

Une chose m’a pourtant un peu remonté le moral aujourd’hui, à savoir « la correspondance inédite de Berlioz ». Quel homme ! et quel véritable artiste ! Quand on pense à tout ce qu’il a souffert, on ne devrait plus se plaindre.

Pinard communiant dimanche dernier à Notre-Dame, en compagnie du duc de Nemours, ne vous fait-il pas rêver ?

Je ne connais rien de bon sur la terre que vous, ma chère Princesse, et je vous baise les mains dévotement, car je suis

Votre vieux dévoué.