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CORRESPONDANCE

der des éclaircissements là-dessus, comme hier Mme Achille, et il faut répondre ! Vois-tu la scie !) m’aura fâché avec Mme Adam. Tourgueneff m’a écrit de Berlin pour « s’excuser ». Il ne sait pas d’où peut venir cette élucubration qui contient des choses vraies, et des fausses aussi.

J’avoue qu’elle m’a fait verser des larmes rouges. On publie ma misère ! et ces misérables me

    blique dont le salon est le rendez-vous de tous les personnages influents. [Madame Adam.]

    « — Faites-moi l’honneur de venir à ma première soirée, répondit la dame à M. Tourgueneff. Je vous présenterai à M. Gambetta.

    « Au jour indiqué, M. Tourgueneff se présente ; il voit le Président de la Chambre en train de faire sa digestion, mollement étendu sur un sopha. Derrière lui, tout un état major de fonctionnaires et de députés.

    « M. Tourgueneff s’avance vers le groupe, salue la maîtresse de la maison, qui aussitôt se penche vers M. Gambetta et nomme le visiteur.

    « M. le Président de la Chambre daigne à peine regarder l’écrivain. Il ne se dérange pas pour si peu ! Fort surpris, M. Tourgueneff expose en quelques mots le but de sa visite ; le mauvais accueil ne le décourage pas, car il est venu pour rendre service à un ami.

    « La maîtresse de maison se penche à nouveau vers M. Gambetta et lui dit quelques mots, à voix basse. Ce à quoi M. le Président de la Chambre, d’un ton sec et hautain, riposte :

    « — Non, cela ne se fera pas ! Je ne le veux pas !

    « — Je ne le veux pas !

    « Feringhea ayant parlé, M. Tourgueneff, renseigné sur l’atticisme dictatorial, s’éloigna en jurant, un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus.

    « Donc un des premiers écrivains de ce temps ne succède pas à M. de Sacy, parce que M. Gambetta ne le veut pas. En vain prétendrait-on que M. Flaubert n’a pas de titres administratifs pour succéder à M. de Sacy. M. Ulbach en avait-il, lui qui vient d’être nommé à l’Arsenal ?

    « Voilà comme nous sommes gouvernés ! On ne dira assurément pas que nous vivons sous le régime du bon plaisir ! »

    [Signé : Aristophane.]