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DE GUSTAVE FLAUBERT.

Que dites-vous de ces deux vers, mon bon ? De qui sont-ils ? de Decorde ! Il les a lus la semaine dernière à l’Académie de Rouen. Je vous prie de bien les méditer ; puis de les déclamer avec l’emphase convenable et vous passerez un bon quart d’heure.

Maintenant parlons de vous.

Vous vous plaignez du cul des femmes qui est « monotone ». Il y a un remède bien simple, c’est de ne pas vous en servir. « Les événements ne sont pas variés. « Cela est une plainte réaliste, et d’ailleurs qu’en savez-vous ? Il s’agit de les regarder de plus près. Avez-vous jamais cru à l’existence des choses ? Est-ce que tout n’est pas une illusion ? Il n’y a de vrai que les « rapports », c’est-à-dire la façon dont nous percevons les objets. « Les vices sont mesquins », mais tout est mesquin ! « Il n’y a pas assez de tournures de phrases ! » Cherchez et vous trouverez.

Enfin, mon cher ami, vous m’avez l’air bien embêté et votre ennui m’afflige, car vous pourriez employer plus agréablement votre temps. Il faut, entendez-vous, jeune homme, il faut travailler plus que ça. J’arrive à vous soupçonner d’être légèrement caleux. Trop de p… ! Trop de canotage ! Trop d’exercice ! Oui, monsieur ! Le civilisé n’a pas tant besoin de locomotion que prétendent messieurs les médecins. Vous êtes né pour faire des vers, faites-en ! « Tout le reste est vain », à commencer par vos plaisirs et votre santé ; f… vous cela dans la boule. D’ailleurs votre santé se trouvera bien de suivre votre vocation. Cette remarque est d’une philosophie, ou plutôt d’une hygiène profonde.