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DE GUSTAVE FLAUBERT.

ces chers tissus ! Puisque ton ménage commence à se débrouiller, il faut se remettre aux fortes études. Moi, je ne lis rien du tout, sauf, après mon dîner, du La Bruyère ou du Montaigne, pour me retremper dans les classiques ; et j’ignore tellement ce qui se passe dans le monde que jeudi dernier, seulement, j’ai appris la chute du ministère ! Événement dont je me fiche comme de colin-tampon. Tout à l’heure en déjeunant avec « qui dit, dit-il[1] », je me faisais cette réflexion : ce paysan est moins stupide que les trois quarts des bourgeois, lesquels sont toujours à s’agiter d’après le journal, et qui tournent comme des girouettes, tous les matins, selon ce que on dit. Voilà ce qui me soutient encore : la haine des bourgeois. J’ai beau ne pas en voir, n’importe ! quand j’y songe, je bondis.

Penses-tu que, mardi prochain, vieux aura cinquante-cinq ans !

Qu’as-tu fait du châle et du chapeau de jardin de ma pauvre maman ? Je les ai cherchés dans le tiroir de la commode et ne les ai pas trouvés ; car j’aime de temps à autre à revoir ces objets et à rêver dessus. Chez moi, rien ne s’efface.

Adieu, pauvre fille.

Ta vieille nounou.

Pas la moindre nouvelle du Moscove ! C’est étrange ! Est-il malade ? Si tu passais devant sa maison, entres-y pour savoir ce qu’il a. Après tout, il est peut-être trop occupé par les Viardot ? La reine de Hollande m’a fait dire qu’« elle

  1. Le fermier de Pissy.