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CORRESPONDANCE

Tu fais donc de la « gymnastique en chambre », pauvre loulou ! Cela rentre tout à fait dans la physiologie de l’homme de cabinet ! As-tu des haltères ? Je voudrais te voir dans les exercices. Le principal est que la santé va mieux.

À propos de santé, la jaunisse qui est venue à ton élève[1], par suite d’une contrariété, m’emplit d’estime pour elle. La jeune fille est de nature passionnée. C’est bien. Mais quel dommage qu’elle soit si laide ! As-tu vu l’époux de Fanny ? Comment est-il ? N’est-ce pas que Ninette (Mme de Girardin) est agréable ? En costume de soirée, elle gagne à être vue, parce qu’elle est très bien faite.

Tu me dis que Balzac devait me ressembler. J’en étais sûr. Théo prétendait souvent qu’à m’entendre parler c’était tout comme, et que nous nous serions chéris. A-t-il été assez calomnié pendant sa vie, ce pauvre grand homme ! Il passait pour immoral, infâme, etc. Comme si un observateur pouvait être méchant ! La première qualité pour voir est de posséder de bons yeux. Or, s’ils sont troublés par les passions, c’est-à-dire par un intérêt personnel, les choses vous échappent. Un bon cœur donne tant d’esprit !

Le P. Didon a raison : « le moyen de guérir l’âme est de mettre le corps en bon état. » Mais avec la robe qu’il porte, il n’aurait pas eu cette idée-là, il y a cent ans, ni peut-être même cinquante.

As-tu un peu repris les globules et les tissus ?

  1. À cette époque, Mme Commanville donnait des leçons de dessin et de peinture.