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CORRESPONDANCE

avant trois semaines, après quoi je préparerai immédiatement mon Hérodiade (ou Hérodias).

Et j’ignore tout ce qui se passe dans le monde, ne vois personne, ne lis aucun journal, excepté la République des Lettres dont le numéro du 16 m’a exaspéré à cause de l’article sur Renan. Le connaissez-vous ? Comme j’aime mes amis, je ne veux rien avoir de commun avec ceux qui les dénigrent aussi bêtement. Donc j’ai écrit à l’excellent Catulle pour le prier : 1o de rayer mon nom de la liste de ses collaborateurs et 2o de ne plus m’envoyer sa feuille.

Qu’on ne soit pas de l’opinion de Renan, très bien ! Moi aussi je ne suis pas de son opinion ! Mais ne tenir aucun compte de tous ses travaux, lui reprocher les cheveux rouges qu’il n’a pas, et sa famille pauvre en l’appelant domestique des princes, voilà ce que je n’admets pas ! Ma résolution est bien prise, j’abandonne avec joie et définitivement ces petits messieurs-là. Leur basse envie démocratique me soulève le cœur de dégoût, et ils ont des doctrines philosophiques et politiques ! C’est un grand mot pourtant : la République des Lettres, et qui pourrait être une belle chose ! Mais qu’ils en sont loin !

N’en parlons plus, hein ?

Je me souviens de Piriac ; c’est en face l’île Dumet, une île toute pleine d’oiseaux, et de Guérande aussi. Il doit y avoir dans l’église des bas-reliefs curieux représentant de bons diables à fourches et à ailes ? Mes souvenirs, remontant à 1846[1], sont vagues.

  1. Flaubert a voulu écrire 1847, époque de son voyage en Anjou et en Bretagne ; voir Par les champs et par les grèves.