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CORRESPONDANCE

Ce soir Ernest va venir coucher ici et y passer la journée de demain. J’ai peur de le trouver démoralisé par ses échecs successifs. Mais la saison d’été est mortelle pour les affaires : il n’y a personne à Paris maintenant. Qu’il aille bien vite se soigner aux Eaux-Bonnes ! À son retour, il n’en aura que plus de force, car il ne faut pas abandonner la partie. Là est son devoir. Moi aussi, je lâche le grand mot à l’occasion ! Et voilà le pèlerinage de Lourdes manqué ! Ce doit être une grande peine pour Flavie, et j’en suis fâché pour toi, puisque vous allez bientôt vous quitter.

J’ai reçu de Mme Brainne une lettre très spirituelle où elle me fait une description des énormités qu’elle voit à Marienbad et des prodiges de dégraissement qui s’y opèrent, ajoutant que, si je l’avais accompagnée, j’aurais eu là une belle occasion de perdre mon ventre.

J’en ai reçu ce matin une autre de mon disciple Guy et je vais lui répondre par une lettre sévère. Le jeune homme s’amuse trop ; il ferait mieux de lire Rabelais que je relis (encore) depuis que tu es à Chinon.

Demain, à midi, le bon Laporte vient me prendre pour aller à Rouen, à la réunion qui se tiendra chez Gally. Je l’ai fait nommer (Laporte) membre de notre souscription.

Hier soir, j’ai été emprunter un livre à ***. Mon Dieu ! Que sa petite femme est dinde ! Peut-on passer sa vie avec des êtres aussi nuls !

Mardi j’ai eu à déjeuner Pouchet et Pennetier. Il y a huit jours, j’avais été au muséum lui demander des renseignements sur les perroquets, et actuellement j’écris devant un « amazone » qui