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CORRESPONDANCE

il reviendra me voir la semaine prochaine. En voulant remonter la marée, il y a huit jours (et elle était violente), M. Vieux s’est donné un effort dans la hanche gauche. Pendant plusieurs jours j’en ai boité. Maintenant il n’y paraît plus, et hier j’ai recommencé mes exercices natatoires, mais avec plus de modération. Je travaille beaucoup, cependant je n’avance guère. Crois-tu que, depuis trois semaines, j’ai fait sept pages ; et mes journées sont longues pourtant ! N’importe ! je crois que ça ne sera pas mauvais. Mais dans le commencement, je m’étais emballé dans de trop longues descriptions. J’en enlève de charmantes : la littérature est l’art des sacrifices…

M. du Hamel, le nouveau locataire, est venu me faire une visite. C’est un bourgeois de bonnes manières. Il désire qu’Ernest lui signe son bail, mais je ne vois pas venir ton mari.

J’ignore absolument ce qui se passe dans le monde, ne recevant aucun journal et n’en sentant pas le besoin. Quelquefois seulement, Émile me prête le Petit Moniteur quand il y trouve une chose qu’il croit intéressante pour son maître.

Parle-moi donc de Fanny. L’as-tu vue avant ton départ ? Connais-tu son époux ? Maintenant, elle va faire tout à fait partie de « la Haute ! »

Quand est-ce que cette bonne Flavie vient te retrouver ?

Fais toutes mes amitiés à Mme de La Chaussée et embrasse pour moi Mlle Jane.

Adieu, pauvre chère fille.

Un bon bécot de

Ta nounou.