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DE GUSTAVE FLAUBERT.

désormais inhabitable pour les gens de goût. Dans quelles laideurs morales et matérielles on va tomber !

Adieu, pauvre chérie. Mille baisers sur tes bonnes joues.


1145. À SA NIÈCE CAROLINE.
Rouen, samedi [24 décembre 1870].

Nous recevons bien rarement de tes nouvelles, mon pauvre Caro ! Ta dernière lettre était celle du 15. Il me semble que tu pourrais nous envoyer une lettre par Dieppe, sous le couvert de ton mari. Il nous dit qu’il reçoit régulièrement les tiennes !

Ta pauvre grand’mère est de plus en plus mal, moralement parlant. Il y a des jours où elle ne parle plus du tout (tant elle souffre de la tête, dit-elle). Elle se plaint de ce qu’on ne vient pas la voir, et quand elle a des visites, elle ne dit mot ! Si la guerre dure encore longtemps (ce qui se peut) et que ton absence se prolonge, qu’en adviendra-t-il ? Ah ! quelle fatale idée tu as eue de t’en aller ! Nous n’aurions pas (elle et moi) souffert le quart de ce que nous souffrons si tu fusses restée. Je te répète toujours la même chose, parce que je n’ai que cela à te dire. Ton oncle Achille Flaubert va devenir malade, par le chagrin et les tracas que lui cause le Conseil municipal ! L’arrivée des troupes du prince de Mecklembourg a été pour nous comme une seconde invasion. Leurs