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DE GUSTAVE FLAUBERT.

1124. À SA NIÈCE CAROLINE.
Lundi, 6 heures [12 septembre 1870].
Ma chère Caro,

Ton oncle Achille Flaubert est venu nous voir cet après-midi, avec toute sa famille. Il trouve que tu fais bien de ne pas vouloir te charger de son argenterie. Il a reçu deux lettres de Paris où on lui dit que Paris est très décidé à se battre. Cela est certain. La ville contient maintenant 600 000 hommes, dont 500 000 bien armés. Il y a quantité d’inventions formidables. Seront-elles effectives ? Espérons-le. Moi, je ne compte pas sur la paix.

Ta lettre de ce matin à Mme Laurent dénote un grand découragement, pauvre loulou. Je t’avais trouvée si raisonnable, l’autre jour, que tu m’avais remonté. Ne te laisse pas abattre, quand ce ne serait que pour Ernest.

D’Osmoy, vendredi dernier, était à Lagny et marchait avec des spahis sur les Prussiens. Le reverrai-je ?

Le père D***, le beau-père de ton amie D***, ne pouvant plus parler de peur, est parti pour la Belgique avec son gendre.

Notre voisin H*** a barricadé sa grille avec des planches.

Ce que j’éprouve, c’est de l’écœurement. Comme les journées sont longues à s’écouler !

Adieu pauvre fille.

Ton vieil oncle.