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CORRESPONDANCE

sérieux à me communiquer, écris-le-moi sur une feuille volante[1].

Où est le temps où je te donnais des leçons, quand mon pauvre Bouilhet venait tous les samedis !

Allons, adieu. Tâche de venir la semaine prochaine.

Je t’embrasse tendrement. Ton vieil oncle.


1122. À EDMOND DE GONCOURT.
[Croisset.] Nuit de lundi [début septembre 1870].
Mon cher Edmond,

Si je ne vous ai pas écrit depuis longtemps, c’est que je vous croyais d’abord en Champagne, puis je ne sais où, depuis la guerre.

Quel renfoncement, hein ? Mais nous allons nous relever, il me semble ?

Je ne fais rien du tout. J’attends des nouvelles et je me ronge, je me dévore d’impatience. Ce qui m’exaspère, c’est la stupidité des autorités locales !

Mes pauvres parents de Nogent nous sont arrivés ici, et mon toit abrite maintenant seize personnes.

Je me suis engagé comme infirmier à l’Hôtel-Dieu de Rouen, en attendant que j’aille défendre Lutèce, si on en fait le siège (ce que je ne crois pas). J’ai une envie, un prurit de me battre. Est-ce

  1. Pour être dissimulée à Mme Flaubert et ne pas l’alarmer.