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CORRESPONDANCE

J’ai été hier au chemin de fer pour avoir des nouvelles. Là, j’ai vu Mme M***, qui venait au-devant de son inéluctable gendre. Le beau F*** était avec elle, et faisait de petites plaisanteries.

Renard, le chef de gare, indigné contre son cousin Cord’homme, l’a menacé de « le f… sous un train ».

« Et je suis capable de le faire, monsieur, tant j’ai les nerfs agacés. »

Ah ! nous sommes tous dans un bel état !

Ta bonne maman va bien, et s’ennuie de toi énormément.

Adieu, pauvre chérie. Je t’embrasse bien fort.


1119. À GEORGE SAND.
Croisset, mercredi [17 août 1870].

Je suis arrivé à Paris lundi et j’en suis reparti mercredi. Je connais maintenant le fond du Parisien et j’ai fait dans mon cœur des excuses aux plus féroces politiques de 1793. Maintenant, je les comprends. Quelle bêtise ! quelle ignorance ! quelle présomption ! Mes compatriotes me donnent envie de vomir. Ils sont à mettre dans le même sac qu’Isidore.

Ce peuple mérite peut-être d’être châtié, et j’ai peur qu’il le soit.

Il m’est impossible de lire n’importe quoi, à plus forte raison d’écrire. Je passe mon temps, comme tout le monde, à attendre des nouvelles. Ah ! si je n’avais pas ma mère, comme je serais déjà parti !