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CORRESPONDANCE

puis à Dieppe. Remettre votre visite en septembre, ce serait trop tard. Il me tarde de vous embrasser, mon pauvre cher vieux. Vous retournerez ensuite à Bar-sur-Seine, si le cœur vous en dit.

Vous ne me jugez pas assez sot pour essayer de vous offrir des consolations ? Je vous engage, au contraire, à vous plonger dans votre désespoir de toutes vos forces. Il faut qu’il vous fatigue et qu’il arrive, à force d’obsession, par vous ennuyer. C’est après cette période-là, seulement, que les souvenirs douloureux ont leur charme, à ce qu’on prétend, du moins.

Lisez-vous quelque chose ? En avez-vous le courage ?

Ainsi c’est convenu ? Nous vous verrons bientôt, n’est-ce pas ?

Ma mère me charge de vous dire qu’elle se joint à moi pour vous inviter.

Sur les deux joues, mon cher Edmond, et tout à vous.

J’ignore votre adresse. Répondez-moi.


1109. À SA NIÈCE CAROLINE.
Croisset, lundi, 5 heures [4 juillet 1870].

Mais, mon pauvre loulou, j’ai tout de suite accédé à ton désir. Ta grand’mère t’a écrit devant moi que j’étais tout disposé à t’aller chercher à Luchon, plutôt que de te laisser revenir seule. Nous ne faisons autre chose que de parler de toi, et tu me dis aujourd’hui que nous n’avons pas l’air de nous