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CORRESPONDANCE

1o église Sainte-Clotilde, 2o église de la Trinité (rue de Clichy). Là, le prédicateur s’appelait l’abbé Becel ; j’ignore le nom de l’autre. Tous deux ont tonné contre l’impudicité des mascarades, contre le costume de Salammbô ! Ledit Becel a rappelé la Bovary et prétend que cette fois je veux ramener le paganisme. Ainsi l’Académie et le clergé m’exècrent. Ça me flatte et ça m’excite !

Quel discours que celui de Feuillet, nom de Dieu ! Quelle platitude ! J’en étais indigné pour le père Scribe.

J’oubliais de te dire que je trouve ta conduite indécente : tu n’écris pas à ton vieux. Comment vas-tu ? et Mme Cornu ? et la note relative à Théo, etc., et la traduction allemande ? (Comme il n’existe point de traité avec la Prusse, M. Richtle est parfaitement libre quant à l’argent ; que Mme Cornu arrange l’affaire[1] comme elle l’entendra.)

Quant à moi, je suis dans la confection simultanée de mes deux plans ; c’est à cela que je passe toutes mes soirées. Je ne sais pour lequel me décider.

J’attends Monseigneur dans quinze jours ; alors je prendrai un parti.

Dans la journée, je lis de l’anglais, et même du grec ; il m’a pris une rage de Théocrite. Jolie préparation pour peindre les mœurs parisiennes !

Je ne suis pas né pour écrire des choses modernes, décidément ; il m’en coûte trop pour m’y mettre. J’aurais dû, après Salammbô, me mettre

  1. Droits relatifs à la traduction de Salammbô en langue allemande.