Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 5.djvu/88

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
82
CORRESPONDANCE

croire, puisque vous faites de Tanit la déesse de la guerre et non de l’amour, de l’élément femelle, humide, fécond, en dépit de Tertullien, et de ce nom même de Tiratha, dont vous rencontrez l’explication peu décente, mais claire, dans Movers, Phenic, livre Ier, page 574.

Vous vous ébahissez ensuite des singes consacrés à la lune et des chevaux consacrés au soleil. « Ces détails (vous en êtes sûr) ne se trouvent dans aucun auteur ancien, ni dans aucun monument authentique. » Or je me permettrai, pour les singes, de vous rappeler, Monsieur, que les cynocéphales étaient, en Égypte, consacrés à la lune, comme on le voit encore sur les murailles des temples, et que les cultes égyptiens avaient pénétré en Libye et dans les oasis. Quant aux chevaux, je ne dis pas qu’il y en avait de consacrés à Esculape, mais à Eschmoûn, assimilé à Esculape, Lolaüs, Apollon, le Soleil. Or je vois les chevaux consacrés au soleil dans Pausanias (livre Ier, chapitre i), et dans la Bible (Rois, livre II, chapitre xxxii). Mais peut-être nierez-vous que les temples d’Égypte soient des monuments authentiques, et la Bible et Pausanias des auteurs anciens.

À propos de la Bible, je prendrai encore, Monsieur, la grande liberté de vous indiquer le tome II de la traduction de Cahen, page 186, où vous lirez ceci : « Ils portaient au cou, suspendue à une chaîne d’or, une petite figure de pierre précieuse qu’ils appelaient la Vérité. Les débats s’ouvraient lorsque le président mettait devant soi l’image de la Vérité ». C’est un texte de Diodore. En voici un autre d’Elien : « Le plus âgé d’entre eux était leur chef et leur juge à tous ; il portait autour du cou