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CORRESPONDANCE

maître m’écrive si j’ai tort et pour me donner de ses nouvelles.

En voici des miennes. Je travaille démesurément et suis, au fond, réjoui par la perspective de la fin qui commence à se montrer.

Pour qu’elle arrive plus vite, j’ai pris la résolution de demeurer ici tout l’hiver, jusqu’à la fin de mars probablement. En admettant que tout aille pour le mieux, je n’aurai pas terminé le tout avant la fin de mai. Je ne sais rien de ce qui se passe et je ne lis rien, sauf un peu de Révolution française après mes repas, pour faire la digestion. J’ai perdu la bonne coutume que j’avais autrefois de lire tous les jours du latin. Aussi n’en sais-je plus un mot ! Je me remettrai au Beau quand je serai délivré de mes odieux bourgeois, et je ne suis pas près d’en reprendre !

Mon seul dérangement consiste à aller dîner tous les dimanches à Rouen, chez ma mère. Je pars à 6 heures et je suis revenu à 10. Telle est mon existence.

Vous ai-je dit que j’avais eu la visite de Tourgueneff ? Comme vous l’aimeriez !

Sainte-Beuve se soutient. Au reste, je le verrai la semaine prochaine, car je serai à Paris pendant deux jours, afin d’y trouver des renseignements dont j’ai besoin. Sur quoi les renseignements ? Sur la garde nationale !!!

Ouïssez ceci : le Figaro, ne sachant avec quoi emplir ses colonnes, s’est imaginé de dire que mon roman racontait la vie du chancelier Pasquier. Là-dessus, venette de la famille dudit, qui a écrit à une autre partie de la même famille demeurant à Rouen, laquelle a été trouver un avocat dont