Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 5.djvu/403

Cette page a été validée par deux contributeurs.
397
DE GUSTAVE FLAUBERT.

qu’il la dise. (Cela fait partie de ma poétique, à moi.) Je me borne donc à exposer les choses telles qu’elles me paraissent, à exprimer ce qui me semble le vrai. Tant pis pour les conséquences. Riches ou pauvres, vainqueurs ou vaincus, je n’admets rien de tout cela. Je ne veux avoir ni amour, ni haine, ni pitié, ni colère. Quant à de la sympathie, c’est différent : jamais on n’en a assez. Les réactionnaires, du reste, seront encore moins ménagés que les autres, car ils me semblent plus criminels.

Est-ce qu’il n’est pas temps de faire entrer la Justice dans l’Art ? L’impartialité de la peinture atteindrait alors à la majesté de la loi, — et à la précision de la science !

Enfin, comme j’ai dans votre grand esprit une confiance absolue, quand ma troisième partie sera terminée, je vous la lirai, et s’il y a dans mon travail quelque chose qui vous semble méchant, je l’enlèverai.

Mais je suis d’avance convaincu que vous ne me ferez pas une objection.

Quant à des allusions à des individus, il n’y en a pas l’ombre.

Le prince Napoléon, que j’ai vu jeudi chez sa sœur, m’a demandé de vos nouvelles et m’a fait l’éloge de Maurice. La princesse Mathilde m’a dit qu’elle vous trouvait « charmante », ce qui fait que je l’aime un peu plus qu’auparavant.

Comment ? les répétitions de Cadio vous empêcheront de venir voir votre pauvre vieux cet automne ? Pas possible, pas possible. Je connais Fréville, c’est un homme excellent et très lettré.