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DE GUSTAVE FLAUBERT.

moi ne sont pas les moins dévoués de votre entourage.

À propos de Sainte-Beuve, comment va-t-il ? Je n’en ai aucune nouvelle.

Ici également il fait un froid abominable, et on se chauffe comme en plein hiver. J’ai actuellement la compagnie de trois cousines et d’un cousin venus de Champagne ! Bonnes gens d’ailleurs.

Dans quelques jours, peut-être, j’aurai celle de Mme Sand, qui vous fournit, Princesse, des plaisanteries si flatteuses pour un homme de mon âge. Je travaille avec assez d’entrain et je me promets comme une récompense, au bout de mon chapitre, d’aller vous voir. Il y aura peut-être d’ici-là de grands changements. Seront-ils bons ? Je le crois. Car la guerre est maintenant impossible, vu la saison. Les affaires d’Italie se décideront d’elles-mêmes et la confiance renaîtra.

Quant à la peur que fait la Prusse aux bons Français, j’avoue n’y rien comprendre et en être, pour ma part, humilié.

Si robuste que l’on soit, il y a des jours, n’est-ce pas, où l’on se sent comme broyé par la sottise universelle ?

Mais il y en a d’autres où l’on reprend courage à la vie, ceux qui vous apportent quelque chose de bon, les matins où l’on reçoit une lettre de la Princesse.

Il y en a de meilleurs encore ; c’est quand on peut lui baiser les mains et lui dire comme je fais : je suis, Madame,

Tout à vous.
G. Flaubert.