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DE GUSTAVE FLAUBERT.

l’étendue du lit qu’elle occupait », et, chose plus fâcheuse, une métaphore rococotte « les limites de son empire ». L’empire d’un fleuve ? À bas l’Empire !

Je tire mon chapeau, comme je vous l’ai dit, à la description de Rouen et à l’enfance de Jacqueline. Mais là le dialogue direct n’était pas utile, puisque vous n’êtes pas encore dans votre action. Les paroles de la bonne, qui n’est pas un personnage du livre, devaient être racontées et non dites. Vous n’observez pas les plans.

Voici quelques lignes de premier ordre : « L’orthodoxie n’est qu’une fiction, etc. », mais cela aurait dû faire la conclusion de toute la vie religieuse de Jacqueline, en être le jugement ; alors on les eût remarquées. On dirait que vous perdez à plaisir toute votre monnaie.

Votre dialogue commence par le vrai mot de la situation : « Tu n’es pas heureuse de ton mariage », mais combien il ferait plus d’effet si c’était le premier dialogue du roman ! Les silhouettes de Clémence et de son mari sont agréables, on commence à s’y intéresser, et puis on ne les revoit plus, ou presque plus.

(Et pourquoi ne les revoit-on plus ? Parce que l’auteur a voulu faire une héroïne noble. Mais les trois quarts des femmes à qui serait arrivée l’histoire de Jacqueline ne se seraient pas tuées ; Jacqueline ne s’étant pas tuée, M. de Blavy aurait pu reparaître, et qui sait le reste ?)

J’admire profondément tout votre passage sur l’addition ; mais vous me permettrez de vous dire, que Mlle de Vardon a un singulier goût en fait de toilette. Elle porte une broche camée et un bra-