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DE GUSTAVE FLAUBERT.

gneur. Quant à la Censure, ayant en tête Camille Doucet, elle est furieuse et tremble dans sa peau, ne sachant d’où lui est venu ce terrible coup de bas. Bref, tout va admirablement et ton vieux ganachon d’oncle est content. J’étais né, peut-être, pour les intrigues politiques, car toutes les fois que je m’en suis mêlé, j’ai réussi. Au milieu de tout cela je pense sans cesse à mon roman[1] ; je me suis même trouvé samedi dans une des situations de mon héros. Je rapporte à cette œuvre (suivant mon habitude) tout ce que je vois et ressens. Pour te donner une idée de mes occupations la semaine dernière et de la manière dont moi et mes fidèles trimions sur le pavé, sache que le jeune Duplan n’a fait dans la journée de jeudi que six fois le trajet du boulevard du Temple aux Invalides. Samedi dernier j’ai eu deux rendez-vous, un à minuit et un autre à 1 heure du matin. J’ai été très content de Florimont dans cette affaire : il s’est conduit en brave.

J’étais invité à dîner aujourd’hui chez Mme Cloquet et demain chez Dumont. J’ai refusé l’un et l’autre, n’ayant pas le temps d’y aller.

J’attends maintenant « l’Idiot d’Amsterdam » (devenu exact !!!). Nous allons aller à la répétition de Faustine ; de là aux Variétés pour notre traité ; puis j’irai chez Florimont, puis chez la mère Sand qui est malade et de là au dîner de Magny. Demain je m’enferme ainsi qu’après-demain ; jeudi soir j’irai chez Michelet avec les de Goncourt.

J’ai fait cette nuit une nuit de quatorze heures, m’étant couché à 10 et levé à midi. Je voudrais

  1. L’Éducation sentimentale.