Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 4.djvu/94

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
88
CORRESPONDANCE

480. À LOUIS BOUILHET.
Croisset, 17 septembre 1855.

Tâche de m’envoyer, mon bonhomme, pour dimanche prochain, ou plus tôt si tu peux, les renseignements médicaux suivants : on monte la côte, Homais contemple l’aveugle aux yeux sanglants (tu connais le masque) et il lui fait un discours ; il emploie des mots scientifiques, croit qu’il peut le guérir et lui donne son adresse. Il faut qu’Homais, bien entendu, se trompe, car le pauvre bougre est incurable.

Si tu n’as pas assez dans ton sac médical pour me fournir de quoi écrire cinq ou six lignes corsées, puise auprès de Follin et expédie-moi cela. J’irais bien à Rouen, mais ça me ferait perdre une journée et il faudrait entrer dans des explications trop longues.

J’ai été depuis trois jours extrêmement abruti par un coryza des plus soignés ; mais aujourd’hui pourtant j’ai passablement travaillé. J’espère que dans un mois la Bovary aura son arsenic dans le ventre. Te l’apporterai-je enterrée ? J’en doute.

Je crois décidément que tu passeras à la lecture, premier point. (Ainsi, mon pauvre vieux, note bien que tu n’en es qu’au premier point, douce perspective.) C’est maintenant qu’il va falloir déployer des jambes et de la diplomatie. Il est parfaitement inutile de dire aux amis que tu passes à