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DE GUSTAVE FLAUBERT.

463. À LOUISE COLET.

Entièrement inédite.

Mercredi minuit.

Quel mal le père Hugo me donne avec la bizarrerie et la non-régularité de ses enveloppes ! Je suis toujours embarrassé pour les lettres de Me d’A. Sans la suscription au crayon j’aurais mis celle-ci à la poste. Mais je crois qu’il vaut mieux qu’elle les reçoive par toi. Cela est plus dans les convenances et les intentions du Crocodile.

Tu ne me parles pas en détail de ton affaire de Journal. Où en est-ce ? La chose est-elle sûre, conclue ! Quant au poème de l’A[cropole], il me semble qu’il y a peu de chose à y refaire. Les deux collaborateurs ont-ils été d’avis de retrancher ton morceau des Barbares qui, autant qu’il m’en souvient, est moins bien écrit que le reste et qui ferait gueuler les immortels à cause des femmes mourant dans les bras des vainqueurs (cela aurait l’air d’un rapprochement injurieux) ? C’est une bonne chose cette Acropole, et toute pleine de vers splendides.

Je ne t’ai pas, à ce propos, félicité de la phrase suivante dans ta lettre de vendredi : « sois tranquille, il y a encore dans mon cœur plus d’une œuvre qui te démentira ; tout est réparable dans le domaine de l’art. »

Crois-tu que j’en aie douté une minute, chère Muse ? C’est au contraire parce que je te jugeais