Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 4.djvu/41

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
35
DE GUSTAVE FLAUBERT.

chaude et un amphithéâtre où tous les jardiniers qui veulent s’instruire viennent prendre des leçons pour la taille des arbres ! Qu’est-ce qui pense à Barbelet, à ses dettes, à son amour ? Qu’est-ce qui rêve à Mlle Calvaire ? C’était comme ça que nous étions, nous autres, dans notre jeunesse ! Nous avions des têtes, comme on dit !

Adieu, il est bien tard, je tombe de sommeil et t’embrasse sur les oreillers que je me souhaite.

Ton G.

460. À LOUISE COLET.

En partie inédite.

[Croisset] Dimanche après-midi [19 mars 1854].

Je voulais t’écrire hier au soir, bonne Muse ; mais j’ai entendu sonner une heure et demie, quand je croyais qu’il n’était encore que minuit. Il était trop tard. J’ai été ces jours-ci (et depuis encore un peu) tourmenté par un rhumatisme dans l’épaule gauche et dans le cou. Ce sont les anciennes pluies du Péloponèse qui se font sentir. Je suis comme les vieux murs : l’humidité sort au printemps. Le mal de cela, c’est que ça me fait beaucoup penser aux voyages, à des voyages, pensées fort sottes et stériles puisque je n’y peux rien… N’importe, mon travail, quoique allant lentement et à force de corrections et de refontes, avance. Au mois de juillet, j’apercevrai la fin, tout d’une enfilade, j’espère. Mais c’est atroce ! L’ordre des idées, voilà le difficile, et puis,