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CORRESPONDANCE

menter et les difficultés ne font que s’accroître, bien entendu.

J’ai passé le mois dernier trois semaines à Paris, à me traîner dans les bibliothèques, ce qui est peu divertissant, et j’étais si ahuri de lecture que j’en oubliais Paphos.

Rien de neuf chez nos amis. Maxime est en Calabre avec Garibaldi, comme tu sais, ou ne sais pas. La présidente s’est consolée du Mac à Roull, qui lui fait définitivement une pension de six mille francs par an. Je crois qu’elle va trouver un autre môsieu. (Elle n’a pas été forte dans toutes ces histoires, la pauvre fille !)

Turgan vient d’inventer une chose superbe pour vuider les lieux ! Je ne sais combien de kilogrammes de m… se trouvent absorbés en une seconde par sa machine. On a nettoyé l’école polytechnique en un clin d’œil : les étrons mathématiques s’envolaient comme des corbeaux. C’est sublime.

Quant à moi, je travaille furieusement. Je viens de lire un livre très curieux sur la médecine des arabes, et actuellement (sans compter ce que j’écris), je lis Cedrenus, Socrate, Sozomène, Eusèbe et un Traité de M. Obry sur l’immortalité de l’âme chez les juifs ; le tout entrelardé de Mischna comme pièce de résistance. Mais le cœur m’a manqué pour lire les quarante pages qui t’étaient consacrées dans la Revue Européenne, précédées des quarante qui me concernaient[1]. Où il n’y a ni profit ni plaisir, bonsoir.

  1. Article de Gustave Merlet sur le Réalisme byronien puis, précédemment, sur le Roman physiologique où il est question de Fanny et de Madame Bovary.