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CORRESPONDANCE

et méditerranéenne très exacte, mon vieux. Mais il faut, auparavant, l’apprendre.

Sache, d’ailleurs, que j’ai eu un prix en botanique. Le sujet de la composition était l’histoire des champignons. J’avais couché, sur ce mets des dieux, vingt-cinq pages tirées de Bomare qui excitèrent l’enthousiasme de mes professeurs, et j’obtins la « juste récompense de mes labeurs assidus ».

Ce qui m’embête à trouver dans mon roman, c’est l’élément psychologique, à savoir la façon de sentir. Quant à la couleur, personne ne pourra me prouver qu’elle est fausse.

Ci-inclus une petite note pour Théo. S’il peut dire du bien du susdit peintre[1], il me fera plaisir. Je lui ai déjà recommandé quelqu’un, j’ai peur de l’embêter avec toutes mes recommandations. Tâche néanmoins qu’il s’exécute, lui ou Saint-Victor.

Que vas-tu faire à Luchon, grand lubrique ? Ranimer dans une atmosphère pure ta santé épuisée par les débauches de la capitale ! Tu vas porter, au sein des populations rustiques, les vices et l’or de la civilisation ! Tu vas séduire les servantes ! briller dans les tables d’hôtes par ton esprit ! semer des maximes incendiaires, chausser de grandes guêtres et recueillir des métaphores ! rien que des métaphores et des paysages ? matérialiste que tu es !

Adieu. Tâche de bien te conduire et que ta famille ne soit pas obligée d’aller recueillir les morceaux épars de ton cadavre, déchiré en pièces dans quelque lupanar. Ne moleste personne, il

  1. Joanny Maisiat, né en 1824, peintre de fleurs, professeur de dessin de Caroline Hamard.