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DE GUSTAVE FLAUBERT.

des deux maîtresses (p. 222) d’une originalité transcendante, et la chanson « I sat with my, etc. » m’a semblé un pur chef-d’œuvre.

Tout ce volume est plein d’un souffle doux, qui vous caresse et sent bon comme une brise d’été. Continuez, mon cher ami, aimons toujours les lettres ! cet amour-là console de tous les autres et les remplace. Les misères de la vie sont peu de choses quand on se tient sur un sommet. Tout est petit du haut des Alpes.

Je vous remercie donc bien cordialement du plaisir que vous m’avez fait, et je ne demande qu’une chose, c’est à vous revoir l’hiver prochain, à Paris.

Je n’ai pas reçu de lettres de Gertrude[1], cela me ferait grand plaisir d’en recevoir. Dites-le-lui.

Je voudrais bien aller à Manchester, mais un travail fort compliqué me retient ici. Il faut que je soigne ma seconde publication, pour laquelle on sera difficile, car votre amitié apprendra avec plaisir que mon roman a réussi au delà de toutes mes espérances. La presse s’en est vraiment occupée, j’ai été très critiqué et très loué. J’avais un autre livre tout prêt, un ouvrage plein de théologie et d’histoire, sur lequel je comptais beaucoup comme contraste ; mais j’ai peur d’un nouveau procès, et j’en ajourne la publication. Aussi me faut-il faire du nouveau. Il est même probable que je resterai seul à la campagne une partie de l’hiver.

J’espère bien que notre correspondance n’en restera pas là. Au revoir donc !


  1. Gertrude Collier.