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CORRESPONDANCE

coule de ce roman un enseignement clair, et si « la mère ne peut en permettre la lecture à sa fille », je crois bien que des maris ne feraient pas mal d’en permettre la lecture à leur épouse.

Je t’avouerai, du reste, que tout cela m’est parfaitement indifférent. La morale de l’Art consiste dans sa beauté même, et j’estime par-dessus tout d’abord le style, et ensuite le Vrai. Je crois avoir mis dans la peinture des mœurs bourgeoises et dans l’exposition d’un caractère de femme naturellement corrompu, autant de littérature et de convenances que possible, une fois le sujet donné, bien entendu.

Je ne suis pas près de recommencer une pareille besogne. Les milieux communs me répugnent et c’est parce qu’ils me répugnent que j’ai pris celui-là, lequel était archi-commun et anti-plastique. Ce travail aura servi à m’assouplir la patte ; à d’autres exercices maintenant.

Je ne vois rien du tout de neuf à vous dire. Il fait un temps atroce. On patauge dans le macadam et les nez commencent à bleuir.


504. À LAURENT-PICHAT.
[Entre le 1er  et le 15 décembre 1856.]
Mon cher Ami,

Je vous remercie d’abord de vous mettre hors de cause ; ce n’est donc pas au poète Laurent-Pichat que je parle, mais à la Revue, personnage