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DE GUSTAVE FLAUBERT.

je m’en retournerais à Paris au mois d’octobre avec le Saint Antoine fini et Saint Julien l’Hospitalier écrit. Je pourrais donc en 1857 fournir du moderne, du moyen âge et de l’antiquité. J’ai relu Pécopin[1], je n’ai aucune peur de la ressemblance.

J’ai été hier à Rouen, à la bibliothèque. Puis chez Léonie, que j’ai trouvée dans un bouleversement de mobilier à croire que les Cosaques avaient passé par sa chambre. Elle aidait au déménagement d’une voisine et me paraissait dans un tohu-bohu complet. Au milieu de la conversation elle me dit tout à coup : « Et Olga ? — Qu’est-ce qu’Olga ? — Vous le savez. — Non. » Contestation, affirmation, impudences de ma part ; mensonges que je me serais épargnés si j’avais su que c’était toi qui lui avais conté l’histoire. J’ai persisté à soutenir que tu ne m’avais rien dit — et là-dessus : « Ah ! ne lui dites rien, parce qu’il m’accuse de vous conter tout. » Voilà l’anecdote, tu en feras ton profit.

Quant à Durey, je te conseille de faire en sorte qu’elle entre à l’Odéon pour jouer la Maintenon, rôle dont elle s’acquittera bien mieux que cette grosse volaille de X***. Il faut que ce soit une tragédienne qui te joue cela. J’entends une femelle qui ait les traditions tragiques, de la pompe ; les autres te disloqueront suffisamment tes malheureux vers. N’aie pas peur, ils seront en bel état dans leur bouche ! Il faut, dans la Maintenon, du cornélien de la haute école.

Ta résolution de te passer d’actrices, lubrique-

  1. La Légende du beau Pécopin et de la belle Bauldour, par Victor Hugo (Le Rhin).